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Nous ne sommes allés
qu'à Damas, au centre-ville, avec une incursion dans un quartier qui venait de
subir la chute d'une roquette faisant 11 morts. Mais la veille de notre départ
nous avons été témoins d'un attentat à quelques mètres de notre hôtel. Il y a
donc des explosions de temps en temps. Les habitants de Damas luttent en
continuant de vivre comme si de rien n’était, même si c’est difficile.
Nous avons rencontré
des familles en deuil, des militaires, des blessés; des écrivains, des
journalistes; des confrères (avocats); des associations et des hommes
politiques indépendants du parti BAAS, parti dont le Vice-Président nous a d’ailleurs
reçus ; nous avons été reçus par le Président du Parlement, par le 1er
ministre, par les ministres de la justice et de l'information. Unanimes tous
déplorent la corruption de nos gouvernants, qui trahissent l'âme de la France.
Ils distinguent toujours néanmoins entre la partie corrompue de notre classe
politique et le reste de la population française. Ils disent et redisent que
nombre de leurs agresseurs viennent d'Europe, et de France en particulier, et
même de Suisse, et que ce qui leur arrive va nous arriver en retour.
La Syrie est depuis
1948 un pays en guerre avec son voisin Israélien. Mais la situation actuelle a
explosé d'abord à cause du facteur démographique : 60% de la population a moins
de 25 ans. La Syrie a cédé aux chants des sirènes d’un certain libéralisme,
s'est rapprochée de l’Occident, décidant même d'adopter son modèle économique
et institutionnel (multipartisme, élections, intégration des rouages
institutionnels supra-étatiques régionaux et mondiaux). Aux récoltes locales,
par exemple, ont été préférés les produits importés. A cela c'est ajouté
plusieurs années difficiles pour l'agriculture. Puis il y a eu la crise
financière de 2008. Bref, cela s’est traduit par un accroissement de la
pauvreté dans les campagnes, provoquant un exode rural imprévu, allié à une
montée (entretenue) du mécontentement. Et le pire obscurantisme, instillé
depuis les monarchies du Golfe, a pu s'implanter parmi les laissés-pour-compte
des banlieues et des campagnes.
Quelques manifestations
artificiellement organisées, des provocations habilement orchestrées (tirer, et
sur la foule, et sur la police) ont suffi pour mettre le feu aux poudres. Les
médias, Al Jazira en tête, n'avaient plus qu'à inonder les ondes de
prédications enflammées, et les services, qu'à livrer armes et cadres, pour
transformer la Syrie en un enfer. Sont alors entrés en Syrie, depuis la Turquie
et la Jordanie, en flots incessants, aujourd'hui encore, de jeunes décervelés
et des repris de justice auxquels on fournit, pour ici-bas, des drogues (des
substances insensibilisant es à la douleur subie ou causée), des armes, la
possibilité de tout détruire, de piller et de commettre les pires atrocités,
et, pour l'au-delà, s'ils trouvent la mort, la promesse d’un jardin de délices.
C'est cette politique
dont nos médias sont les complices, parfois complaisamment involontaire certes,
comme lorsqu'ils sont conduits par les "rebelles" à visiter des
villages Syriens, toujours les mêmes, villages qui ne sont que le théâtre de
mises en scènes dignes de Disney Land. Nos gouvernants sont d'autant mieux
informés de ce drame qu'ils en sont les véritables commanditaires. Ils ont
besoin de tenir les opinions publiques occidentales en laisse pour leur plan
avoué et criminel de mise au pas par le chaos, commencé par la Yougoslavie,
suivi de l'Irak, puis de l'Afghanistan, et de la Lybie. Ils avaient déjà prévu
un sort semblable pour l'Iran, et l'on voit bien que ni la Russie
(Tchétchénie), ni la Chine (Xinjiang, sans parler du Tibet, de la Corée du
Nord, du Japon, des Philippines, etc.), ni même l'Inde ne sont plus à l'abri.
L’Amérique latine, qui a subi, elle, ce sort, est en voie de révolte et
d'organisation contre ce "désordre mondial".
Cette guerre est une
guerre mondiale. Sur les ruines d'un ordre juridique international fondé sur
l'idée de partage du monde entre une pluralité d'Etats, souverains par
définition, dont tous étaient en Europe, rien de viable ne s'est encore
construit. La guerre froide n'a été qu'un bras de fer entre deux mondialismes
identiques en leur essence. L'hégémonie de l'un n'a pas apporté la paix
mondiale. En Syrie se joue aujourd'hui la possibilité d'un nouvel ordre
juridique international structuré par les relations entre plusieurs grandes
puissances toutes également souveraines sur des régions délimitées du globe.
Il ne servait à rien de
dénigrer les frontières et les guerres sur les champs de bataille, qui, pour
horribles qu’elles étaient, avaient au moins le mérite de n'avoir lieu qu'entre
militaires porteur d'uniforme, si c'était pour les remplacer par des opérations
criminelles dirigées aveuglément contre les populations civiles (femmes et
enfants, vieillards, blessés, malades, captifs) et personnellement contre les
Souverains légitimes et légaux des pays qui résistent à l'idée d'une domination
mondiale.
Notre responsabilité
est donc maintenant de comprendre et d'informer.
15 octobre 2013
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